Patras. 170 000 habitants. Ville du Péloponnèse amarrée à l’Adriatique, cité de connexions maritimes avec l’Italie. Les ferries, à l’arrière-plan, desservent quotidiennement Bari, Ancone et Venise chargés de leurs flots de touristes et de camions de marchandises.

Premier janvier 2009. Deux heures du matin. Une soixantaine de migrants se réchauffent dans le petit hall de la gare avant de rejoindre les abords des quais et de tenter d’embarquer.

De quelques centaines en 2007, ils sont plusieurs milliers aujourd’hui à Patras. Nuit et jour, des groupes vont et viennent le long des quais en attendant une opportunité.

Le port s’étend sur 5 kilomètres. Des barbelés tentent de dissuader les migrants d’accéder aux quais.

« Ça fait six mois que je suis coincé là. Deux fois ils m’ont attrapé alors que je grimpais sur le bateau par les amarres et les trois autres fois ils m’ont arrêté en Italie alors que j’avais réussi à me cacher pendant toute la traversée ». Hassan, 17 ans, Afghan.

Un petit groupe attend un éventuel relâchement de la vigilance de la police pour se faufiler à bord d’un ferry.

Les Africains de l’Est, les Maghrébins et les Palestiniens, moins nombreux que les Afghans, dorment sur un terrain vague en bord de mer, sur l’asphalte d’un parking avoisinant ou encore dans des arbres.

Il récupèrent des vêtements dans des poubelles et se lavent dans la mer.

Ces migrants vivotent de leurs dernières économies. Quelques rares habitants leur apportent de la nourriture et des vêtements.

Cuisine sommaire.

« Ici, il n’y a pas de travail et les Grecs sont très racistes. Tu as une blessure, t’essaies d’aller à l’hôpital, ils te refusent. On a quitté la guerre au Darfour, mais ici c’est aussi la guerre. Comment se fait-il qu’un pays européen soit si peu accueillant et n’en ait rien à faire des êtres humains ? ». Alioune, Soudanais.

Moment de détente. Nourhan , Palestinien, essaye de rejoindre de la famille qui vit en Allemagne. Toujours plein d’énergie et de rire il s’exclame souvent : « Demain ? Non pas demain, tu ne me verras pas. Je serai en Italie ! ».

Après-midi d’attente avant de rejoindre les premières entrées du port situées à deux kilomètres du camp.

Le 30 décembre 2008 sur le campement des africains.

Le 31 décembre 2008, leur campement a été détruit par des policiers et une pelleteuse.

Postés à l’entrée d’un virage où les véhicules ralentissent avant d’entrer dans le port, des dizaines Afghans essaient de s’introduire dans les camions de marchandises.

Postés à l’entrée d’un virage où les véhicules ralentissent avant d’entrer dans le port, des dizaines Afghans essaient de s’introduire dans les camions de marchandises.

Postés à l’entrée d’un virage où les véhicules ralentissent avant d’entrer dans le port, des dizaines Afghans essaient de s’introduire dans les camions de marchandises.

Le camionneur les expulse du véhicule.

Le camionneur les expulse du véhicule.

Le terrain afghan rassemble plusieurs milliers de personnes. Un immeuble abandonné partiellement squatté surplombe un bidonville.

Le terrain où vivent les afghans vu depuis l’immeuble abandonné.

Dans le bidonville il n’y a qu’un seul point d’eau. Pas de toilettes ni de douches. La plupart veulent partir le plus vite possible en Italie. Certains ont trouvé un petit travail, mal rémunéré, et vivent ici depuis plusieurs années.

Au rez-de-chaussée de l’immeuble, certains dorment le jour après avoir tenté leur chance toute la nuit.

Dans le labyrinthe du bidonville, ils ont fabriqué une mosquée, un four à pain et quelques petits kiosques où ils vendent de la nourriture et des baskets.

« Moi je suis allé à l’école, j’ai fait des études. On m’a appris les Droits de l’Homme, les idéaux de l’ONU et de l’Union européenne, les droits des demandeurs d’asile. Mais depuis que je suis arrivé ici, j’ai compris que tout ça c’était que du vent. Même quand on fuit une guerre où des pays européens participent ». Hamad, à droite, Afghan.

Attente à proximité du port.

Avant d’embarquer sur les ferries – tout comme à l’arrivée en Italie – les camions sont méticuleusement inspectés.