La république sécessionniste de Transdniestrie
Imaginez un territoire grand comme la Haute-Savoie peuplé de 500 000 habitants qui aurait sa propre monnaie, son drapeau, son parlement, ses lois, son président et sa police sans être reconnue par aucun État de l’ONU. Ce bout de terre existe, c’est la République Moldave du Dniestr (RMD) appelée communément Transnistrie ou Transdniestrie.
Ce territoire a fait sécession de la Moldavie à la chute de l’URSS lorsque la république soviétique socialiste de Moldavie déclare son indépendance et émet le souhait de se réunifier avec la Roumanie. En 1992 éclate un conflit armé entre les Transdniestriens soutenus par l’armée russe et l’armée moldave dirigée par le gouvernement de Chisinau, la capitale moldave. Ce conflit fait plusieurs centaines de morts et débouche sur un statu quo fragile : la Transdniestrie a obtenu un semblant d’indépendance – du fait de la création de ses propres institutions- mais qui reste contesté par la Moldavie.
La presse moldave abonde encore aujourd’hui quotidiennement des tensions entre la Moldavie et ce territoire sécessionniste. Pour y rentrer, il faut montrer patte blanche. La milice transdniestrienne contrôle tous les points d’accès à son territoire au grand dam du gouvernement moldave. Sans passeport transdniestrien, le temps de séjour est limité à dix heures.
Au delà, il faut s’enregistrer au bureau militaire de Tiraspol, la capitale. Les guides touristiques déconseillent de se rendre en Transdniestrie tout en vantant « le dernier musée du soviétisme » où l’on peut encore admirer les bustes démesurés de Lénine. Certes, l’architecture et les mémoriaux peuvent surprendre mais la Transdniestrie n’a plus rien de communisme si ce n’est son blason frappé de la faucille et du marteau.
Le discret fils de l’ancien président Igor Smirnov est l’un des oligarques de ce territoire. Il dirige l’entreprise « Sheriff » qui détient, entre autre, des chaines de supers marchés, des stations services, une télévision, une équipe de foot et un stade ultra moderne. Quant aux 500 000 habitants, ils vivent eux, pour la plupart, petitement. Les voitures ne sont pas légion en Transdniestrie et la quantité de trolleybus et de vélos marquent d’emblée le visiteur. Un signe révélateur du niveau de vie. Des milliers de Transdniestriens ont déjà quitté le pays pour d’autres horizons et un avenir meilleur, que ce soit en Moldavie, en Russie ou dans l’Union Européenne.
Juillet 2011.